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d’Aes la Chapele croula par movement de terre, et granz sons et granz temoutes furent oï par nuit. Une pucele jeuna xii mois sanz boivre et sanz mangier[1] ; foudres et tempestes chairent sovent ; pestilence d’omes et de bestes corut en pluseurs lieus. Pour ce, commanda li empereres que chascun s’efforçast de doner aumosnes et de jeuner et de prier à Notre Segneur que il gardast son pople, et que li prestre chatassent messes et en feissent proiere au Createur de toutes choses, car il li sembloit que cil signe qui ensi avenoient segnefioient mortalité et dechaiement dou pople.

En cele année, ou moys de juin[2], ot la roine Judith i fil, si vout li empereres que il fust apelez Challes.

En ce tens, envoia li empereres ii chevetains, Ebble et Asinaire, outre les monz de Monjou[3], atout granz genz. Jusques à la cité de Pampelune passerent[4] ; bien firent ce pourquoi il i furent envoié ; mais l’estoire n’en dit plus. Au repairier, furent entrepris entre les montaignes par ceus dou païs qui par nature sont desloial et traiteur. Toutes leur genz perdirent, et il meismes furent pris. Le conte Ebloïm envoierent à Cordres en Espagne, au roi des Sarrazins ; mais le

  1. Éginhard (Annales, année 823) est très précis, il dit que cette jeune fille, qui habitait près de Commercy, était âgée de douze ans et s’abstint de nourriture pendant dix mois, et à l’année 825 il ajoute qu’elle jeûna depuis 823, après avoir reçu la communion pascale, jusqu’au début de novembre 825.
  2. Charles le Chauve naquit à Francfort-sur-le-Mein, le 13 juin 823.
  3. On a dans le texte latin : « Trans Pyrinæi montis altitudinem jussi sunt ire. »
  4. « Alerent et amenerent grant quantité de pillaiges, puis si passerent oultre » (royal ms. 16 G VI, fol. 200, en note).