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duist droit à un flum qui a non Lechuns[1], si depart Baiviere et Alemagne. Ses oz fist logier au desouz d’une cité qui a non Auguste[2] ; en tel maniere baioit à entrer en Baiviere par iii parties se li dux ne se fust humiliez. Mais quant il sot que il estoit ensi aceinz de iii parties, il vint au roi et li proia, par grant humilité, que il li pardonast ce que il s’estoit vers li meffaiz, et li rois, qui estoit misericors et debonaires par nature, li pardona tout. Theodone un sien fil et xii persones autres, tex com il demanda, reçut en ostages. Du pople et des barons prist les sairemenz et puis retorna en France. A une vile qui a non Ingilunham[3], près de la cité de Maience, yverna et i celebra Noël et Pasques.

[4]En cele vile meismes assembla li rois general parlement de ses barons. A ce parlement vint li dux Thassiles ausi come li autre baron. En la presence le

  1. Lechuns, le Lech, rivière d’Autriche et de Bavière, affluent de droite du Danube. Les Annales Laurissenses, année 787, disent que Charlemagne vint « in loco, ubi Lechfeld vocatur, super civitatem Augustam » ; elles désignent ainsi le Lechfeld, vaste plaine stérile, située au sud d’Augsbourg entre le Lech et la Wertach.
  2. Auguste, Augsbourg. « In Augustæ civitatis suburbano consedit » (Éginhard).
  3. Ingilunham, Ingelheim, Allemagne, prov. de Hesse-Rhénane, comprend aujourd’hui deux bourgs : Ober et Nieder-Ingelheim. C’était sur le territoire de Nieder-Ingelheim que se trouvait la résidence de Charlemagne. Ermoldus Nigellus (Pertz, Mon. Germ. hist., Scriptores, t. II, p. 505) en a donné une description :

    « Est locus ille situs rapidi prope flumina Rheni,
    Ornatus variis cultibus et dapibus », etc.

  4. Annales d’Éginhard, année 788.