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retorna en son païs quant il sot que li rois s’en fu partiz, puis fist tant par ses paroles que il mist les Saines en vaine esperance de victoire et que il brisierent la pais et les aliances que il avoient faites au roi, et commencierent novele guerre.

Entre ces choses, ot li rois noveles que li Sorabien et li Escalvon[1], qui habitent entre le flueve d’Albe et une autre iaue qui a non Salan[2], estoient entré à armes en la terre des Toringiens et des Saines qui marchissent près d’els[3], et avoient ja faiz moult de domages et aucuns lieus destruiz par feu et par occision. Lors commanda li rois à iii de ses menistres ; c’est asavoir : Algise, son maistre chambellenc, à Gile, son conoistable, et à Garonde, le conte du palais[4], que il meussent contre les Esclavons et preissent les François austrasiens et les Saines[5]. Cil s’entornerent et pristrent les François orientiex, et mure en Saisoigne pour refor-

  1. Le texte latin est mal rendu. On a : « Sorabi Sclavi », ce qui désigne une seule peuplade et non deux. Plus loin, Éginhard, année 806 (Pertz, Mon. Germ. hist., Scriptores, t. I, p. 193), fait bien entendre encore que les Esclavons et les Sorabiens forment la même peuplade, « in terram Sclavorum qui dicuntur Sorabi ».
  2. Salan, la Saale, affluent de l’Elbe.
  3. Dans le royal ms. 16 G VI, fol. 130 vo, on a supprimé qui marchissent près d’els et remplacé par cette note en marge « et estoient ensemble voisins et aussi comme du pays ; et pour ce y estoient entrez pour le païs pillier ».
  4. « Adalgiso camerario et Geilone comite stabuli et Worado comite palatii. »
  5. Le royal ms. 16 G VI, fol. 130 vo, ajoute en note : « Et la hardiesse des Esclavons à leur povoir abaissassent. »