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[1]Quant la novele saisons fu revenue que l’on pot ostoier, pour la plenté de pastures, li rois assembla general parlement des barons et du pople, si com il avoit toz jors de costume avant que il ostoiast en Saisoigne. Mut et vint à la cité de Coloigne, le Rim trespassa et conduist son ost droit à la fontaine de Lippie. Là fist tendre ses herberges et i demora aucuns jors. Entre les autres besoignes que il fist en ce lieu avant que il s’en partist, reçut-il et congea les messages Sigiffroi, le roi de Danemarche, si les avoient envoiez Caganes et Wigaires ; dui des princes des Huns avoient là envoié pour la pais confermer[2]. Quant li rois ot demoré en ces parties une piece, et il ot ordené des besoignes si com il li sembla mieux selonc le tens, il trespassa le Rim pour retorner en France. Mais cil Windoquins, dont nous avons lassus parlé, qui pour paor du roi s’en fu fuiz à Sigifroi, le roi de Danemarche[3],

  1. Annales d’Éginhard, année 782.
  2. Le texte latin a été mal traduit dans ces deux dernières phrases. Les massages envoyés par Sigefroi, roi de Danemark, et ceux envoyés par les Huns étaient différents : « Ubi inter cætera negotia etiam legatos Sigifridi, regis Danorum, et quos ad se Kaganus et Jugurrus, principes Hunorum, velut pacis causa miserunt, et audivit et absolvit. » Le titre de Khagan désigne le chef des Huns, ou tribus tartares, et le titre de Jugurrus, Wigaires, Ouïgour, désigne le chef de tribus d’origine turque, mélangées aux Huns. Ce mélange des deux races hunnique et ouïgoure semble avoir formé le mot Hunugari, qui servit à désigner les peuples de la Hongrie actuelle.
  3. Le royal ms. 16 G VI, fol. 130 vo, ajoute ici en marge : « Ou pays de Normandie », afin de rendre plus littéralement le passage des Annales d’Éginhard : « Widokindus qui ad Nortmannos profugerat. »