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L’incidence des moines de Saint-Martin de Tours, qu’un ange extermina à cause de leur vie trop relâchée[1], ne semble être rapportée par Primat que dans un but pieux. Il n’assigne aucune date à ce fait et le donne même comme probablement antérieur au règne de Charlemagne. C’est d’une vie de saint Odon écrite vers 943 par le moine Jean, un de ses disciples, qu’il le tira. Jean, italien de nation, peut-être originaire de Rome, avait lié connaissance avec saint Odon en 939, lors d’un voyage qu’il fit dans cette ville. Revenu en France avec lui, il embrassa la vie monastique à Cluni et l’accompagna encore dans d’autres voyages. C’est après la mort d’Odon, survenue en 943, qu’il écrivit sa biographie divisée en trois livres[2].

L’épisode relatif à l’attaque de Fritzlar par les Saxons et à leur tentative de destruction de la chapelle élevée par saint Boniface en cet endroit[3] montre que Primat eut à sa disposition la première rédaction des Annales royales, publiées par Pertz sous le titre d’Annales Laurissenses[4]. Si le même fait se trouve rapporté également à l’année 774

  1. P. 159.
  2. La vie de saint Odon fut publiée par André Duchesne dans Bibliotheca Cluniacensis, p. 13-56 ; Mabillon, Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti, sæc v, p. 150-186 ; — Migne, Patrologia latina, t. CXXXIII, p. 43-86.
  3. P. 30.
  4. Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. I, p. 134-174 (années 741-788).