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chai et fondi en mi l’iaue. Li v, si fu que il chevauchoit un jor, de lieu à autre, li jors devint ausi come touz noirs, et uns granz brandons de feu corut sodainement de la destre partie à la senestre par devant lui ; de ce fu moult espoantez, et s’esbahi si durement que il chai du cheval à terre. Si chevalier et sa gent qui ovec lui chevauchoient corurent tantost à li et le leverent de terre.

Certainement doit-on croire que il soit parçoniers de la corone et de la gloire des martyrs ; car ausi come il soffri ovec iaus les paines et les travauz en ceste mortel vie, parçoniers doit estre de la corone de martyre. Par ce, puet-on savoir que quicumques edifie eglises ne mostiers en l’onor de Dieu et de ses sains, que il apareille à s’âme le regne des cieus, et que il sera ostez des mains aus deables, ausi come Karlemaines fu[1].

[2]Turpins, li sains arcevesques, ne vesqui pas puis moult longuement que Karlemaines fu trespassez. En la cité de Viene morut dignement et glorieusement, moult agregiez des plaies et des travauz que il ot soferz en Espagne. Delez la cité de Viene fu premierement ensepouturez vers Orient, en une petite eglise. Mais aucun clerc et aucun chanoine porterent puis le cors

  1. Cette dernière phrase est la traduction de celle qui termine la Chronique du pseudo-Turpin, et en est la conclusion dans l’édition de Reiffenberg donnée à la suite de la Chronique rimée de Philippe Mouskes, t. I, p. 518. Dans l’édition de F. Castets, cette phrase termine le chapitre xxxii (p. 62).
  2. Dans la fin de ce chapitre, on a la traduction de la majeure partie de l’appendice A publié par M. F. Castets à la suite de son édition de la Chronique de Turpin, sous le titre de : « Calixtus Papa, de inventione beati Turpini episcopi et martyris » (p. 65).