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chief, et aus piez son olifant, à l’onor de Nostre Seignor et en signe de sa haute proece. Mais li olifanz fu puis portez à Bordiaus en l’eglise Saint Severin[1]. Beneureuse est la citez de Blaives qui est aornée de si grant hoste, de cui aide ele est ganie et de cui presence ele s’esjoist. A Belim[2] fut enterrez li nobles cuens Oliviers, qui sous, par proece, estoit comparez à Rolant et estoit ses compains jurez en armes. Ogiers, rois de Danemarche ; Gondrebues, rois de Frise ; Arastans, rois de Bretaigne, et Garins, dux de Loherene, et maint autre noble baron ; tuit cist refurent enterré à Belim. Beneureus est li chastiaus de Belim qui de tant et de si nobles princes est honorez.

A Bordiaus, ou cimitire Saint Severin, refurent enterré cist noble baron : Gaifiers, dux de Boorges et d’Aquitaine[3], Gelins, Geliers, Renauz d’Aube Espine, Gautiers de Termes, Givelins et Begues, et bien vm

  1. L’église collégiale de Saint-Seurin, une des plus antiques de Bordeaux (voir Bédier, Les légendes épiques, t. III, p. 341 à 345, et Camille Jullian, Histoire de Bordeaux, p. 116 et 117). Le pseudo Turpin dit : « Sed et tubam alius postea in beati Severini basilicam apud Burdegalam indigne transtulit. » Philippe Mouskes, éd. de Reiffenberg, t. I, vers 9024 à 9032, qui dit aussi que le cor de Roland fut :

    «… mis à Bordiaus
    En l’eglise de Saint Sevrin »,

    ajoute que son épée fut envoyée à Charlemagne :

    « Mais par tant qu’ele estoit si bonne
    L’en osterent puis li kanonne,
    Si l’envoiierent Carlemainne. »

  2. Belin, Gironde, arr. de Bordeaux, ch.-l. de cant. Cf. Bédier, ibid., p. 340.
  3. On a dans le texte latin : « Gaiferus rex Burdegalensis, Engelerus, dux Aquitaniæ, Lambertus Bituricensis. »