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Marciaus, evesques de Limoges ; sains Eutropes, arcevesques de Seanz[1]. En ces ii cimitieres furent enterré li plus grant et la plus grant partie de ceus qui furent occis en Roncevaus, et cil oveques qui morurent sanz glaives en la montegne de Gargane[2], dont l’estoire a lassus parlé.


VI.
Li VI parole coment li cors Rolant fu portez en la cité de Blaives et enterrez en l’eglise Saint Romain, et coment Karlemaines renta l’eglise, et puis parole de divers lieus où Oliviers et li autre baron furent porté ; des aumosnes que Karlemaines fist pour les morz, et coment Turpins demora à Viene.

[3]Le cors de Rolant fist Karlemaine porter jusques à la cité de Blaives[4], sor ii mules, en biere dorée, covert de riches pailes de soie, en l’eglise que il avoit fondée et mis enz chanoines reulez. Le fist ensepouturer moult honorablement ; s’espée Durendal fist pendre au

  1. Le texte de la Chronique de Turpin permettra d’identifier ces évêques et d’éviter ainsi les erreurs de Paulin Paris (Grandes Chroniques, t. II, p. 276 et 277) : « Scilicet Maximini Aquensis (Aix), Trophimi Arelatensis (Arles), Pauli Narbonensis (Narbonne), Saturnini Tolosanensis (Toulouse), Frontonis Petragoricensis (Périgueux), Martialis Lemovicensis (Limoges), Eutropii Sanctonensis (Saintes). »
  2. On a dans le texte latin : « Illi qui in acie Garzim montis gladiis intacti obierunt. » C’est donc la colline de Monjardin qui est désignée ici et non le mont Gargan. Cf. infra, p. 239.
  3. Turpini historia Karoli magni, chap. xxix.
  4. Sur les motifs qui ont fait transporter, par la légende, le corps de Roland à Blaye, voir l’article de M. C. Jullian, la Tombe de Roland à Blaye, dans Romania, t. XXV (1896), p. 161-173. Cf. Joseph Bédier, op. cit., t. III, p. 345 à 354.