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rer l’histoire du règne, de Charlemagne ; mais la plupart ne lui reconnaissent aucune valeur[1], et M. Halphen conclut le long chapitre qu’il lui consacre dans ses Études critiques sur l’histoire de Charlemagne[2], en disant que les anecdotes formant le fond de son ouvrage « n’ont guère plus de valeur pour l’historien de Charlemagne que les Trois mousquetaires pour l’historien de Louis XIII ».

Si, en général, on est fixé sur la médiocre valeur de l’œuvre du moine de Saint-Gall, on n’a pas autant de certitude en ce qui touche sa personne, et ce n’est que par des analogies, et par l’étude comparative des Gesta Karoli magni et des œuvres de Notker le Bègue, que quelques érudits allemands, et en dernier lieu M. Halphen, ont été amenés à conclure « que l’identification du moine de Saint-Gall avec Notker le Bègue se présente à nous comme l’hypothèse la plus logique et la plus vraisemblable[3] ».

Quel que soit l’auteur des Gesta Karoli magni, nous savons, d’après ses indications, qu’il les composa à la demande de Charles le Gros, entre décembre 883, date à laquelle cet empereur fit une visite à l’abbaye de Saint-Gall, et novembre 887, date de sa déposition. L’ensemble de cet ouvrage n’est qu’une suite d’anecdotes que l’auteur prétend tenir du vieux moine Werimbert et d’Adalbert, père de ce moine, qui, au début du ixe siècle, avait guerroyé sous les ordres du duc Gérold. Le caractère anecdotique des Gesta

  1. Voir Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. V, p. x ; Histoire littéraire de la France, t. V, p. 616-618.
  2. P. 104-142.
  3. Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 142. Ce serait Goldast de Heiminsfeld qui, le premier, dans ses Rerum Alamannicarum scriptores, t. II, p. 195, § 2, aurait attribué les Gesta Karoli Magni à Notker le Bègue.