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Espagne ; ses oz asembla et fist moult de domages en la terre ; mais puis s’en ala-il ausi come touz espoantez par les miracles que il vit.

Ci commence la bataille de Roncevaus et la mort de Rolant.


I.
Li premiers parole du message Ganelon et de la traïson que il fist au roi Marsile, des presenz que li Sarrazin firent au roi et aus combateors par malice, et puis de la bataille, coment li crestien furent occis.

[1]Puis que Karlemaines, li très puissanz empereres et très renomez, ot conquise toute Galice et toute Espagne, et sozmise à la foi crestiene et à l’onor de Dieu et de monseigneur saint Jaque, il retorna en France et fist ses oz herbergier delez la cité de Pampelune. En ce tens demoroient en la cité de Sarragouce dui roi Sarrazin, Marsiles et ses freres Baliganz[2] ; si les avoit envoiez contre Karlemaine pour Espagne defendre, des parties de Surie, li soldanz de Babyloine atot granz oz. A l’empereor estoient sougiet et volentiers li obeïssoient par semblant ; mais ce estoit fausement, car il ne l’osoient refuser.

  1. Turpini historia Karoli magni, chap. xxi.
  2. Marsile et Baligant sont des personnages légendaires. D’après la Chronique de Turpin, suivie par l’auteur des Grandes Chroniques, ce seraient les deux frères, tous deux rois sarrasins envoyés en Espagne par l’émir de Babylone et tous deux régnant à Saragosse. D’après la Chanson de Roland (éd. Léon Gautier, vers 2614 et suiv.), Baligant serait l’émir de Babylone, le chef suprême de l’Islam, et Marsile son vassal.