Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toire littéraire[1], puis par Paulin Paris[2], fut également adoptée, mais en partie seulement, par Gaston Paris[3]. Suivant cet érudit, les cinq premiers chapitres du pseudo-Turpin auraient été rédigés par un moine espagnol de Saint-Jacques de Compostelle, la suite par un religieux de Saint-André de Vienne, et l’abbaye de Saint-Denis aurait ensuite fait quelques additions au texte et lui aurait fait subir des remaniements[4]. Cette théorie prévalut dans son ensemble[5] jusqu’à l’apparition du travail de M. Joseph Bédier sur les Légendes épiques[6]. Ce dernier, discutant l’hypothèse de Gaston Paris, s’attache à démontrer d’abord que la Chronique de Turpin n’est pas l’œuvre de deux ou de plusieurs auteurs, comme on l’admettait généralement jusqu’alors, mais d’un seul écrivain, et d’un écrivain français ; qu’elle fut écrite seulement vers 1140-1150 et non à des dates antérieures[7], et enfin qu’elle ne fut pas écrite

  1. T. IV, p. 207 à 216.
  2. Bibl. de l’École des chartes, 3e série, t. II (1851), p. 315.
  3. De Pseudo Turpino, Paris, 1865, in-8o.
  4. Cf. Joseph Bédier, op. cit., t. III, p. 52 à 55.
  5. Voir Ulysse Robert, Histoire de Calixte II, p. 214-217 ; Ferdinand Castets, Turpini historia Karoli Magni, préface, p. viii-x. Cf. R. Dozy, Recherches sur l’histoire et la littérature de l’Espagne pendant le moyen âge, t. II (1881), p. 374-431.
  6. Nous disons dans son ensemble, car Gaston Paris, tout en maintenant toujours que la Chronique de Turpin était l’œuvre de deux auteurs, modifia dans la suite une partie de sa théorie (Romania, t. XI, p. 419-426. Cf. Joseph Bédier, op. cit., p. 55 à 67).
  7. Marca (Histoire de Béarn, t. I, p. 202) la donne comme antérieure au xiie siècle et peut-être du xe. L’Histoire littéraire (t. IV, p. 207-208) indique comme date de sa composition le xe ou le xie siècle. Gaston Paris, qui avait d’abord assigné aux premiers chapitres, soi-disant composés en Espagne, la première moitié du xie siècle ou 1050 au plus tard, et à la suite la période écoulée entre 1108 et 1119, admit après la publication de l’ouvrage de M. Dozy que la première partie dut, être écrite dans les dernières années du xie siècle ou les premières années du suivant (Romania, t. XI, p. 423) et la suite vers l’an 1140 (Ibid., p. 424).