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semaine de juim, aus jeunes de IIII tens[1] », date qui coïncide précisément avec celle que l’évêque de Paris avait choisie pour sa procession. L’accord se fit donc entre Notre-Dame et Saint-Denis afin que ce monastère pût montrer ses reliques, le clou et la prétendue couronne d’épines, en même temps que l’évêque montrait le bois de la vraie croix.

En général, Primat a traduit fidèlement la Descriptio. Cependant, il en a écourté la dernière partie ; la manière dont il explique le transfert des reliques d’Aix-la-Chapelle à Saint-Denis n’est pas conforme à celle qui est donnée dans le texte latin[2], et il attribue à Charles le Chauve un acte que précédemment il avait attribué à Clovis II[3].

De ces deux légendes, le Voyage à Jérusalem et l’Histoire de Turpin, la seconde fut incontestablement la plus populaire et la plus répandue au moyen âge ; le nombre des manuscrits qui nous en sont parvenus en est la meilleure preuve[4]. On ne connaît pas l’auteur ou les auteurs de cette légende, et pendant longtemps on la considéra comme une œuvre espagnole. Pierre de Marca, l’un des premiers à lui attribuer cette origine, dit dans son Histoire de Béarn[5] : « On ne doit point remettre en doute que cette pièce n’ait esté forgée en Espagne. » Cette opinion, suivie par l’His-

  1. Voir supra, p. 193.
  2. Cf. éd. F. Castets, dans Revue des langues romanes, t. XXXVI (1982), p. 468 et 469.
  3. Grandes Chroniques, t. II, p. 188. — Le texte latin de la Descriptio a été publié d’abord par M. Gerhard Rauschen, Die Legende Karls des Grossen im 11 und 12 Jahrhundert (t. VII des Publikationen der Gesellschaft für Rheinische Geschichtskunde), Leipzig, 1890, p. 130, puis par M. Ferdinand Castets, dans la Revue des langues romanes, t. XXXVI (1892), p. 439-474.
  4. Voir Joseph Bédier, Les légendes épiques, t. III, p. 113-114.
  5. Nouv. éd., t. I, livre. II, chap. vi, § 6, p. 201 et 202.