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rosolymitanum et publié l’Historia Tilpini, et qu’à son tour Primat, dans ses Grandes Chroniques, ait traduit ces deux œuvres. Il ne pouvait même pas agir autrement, puisqu’elles étaient mises au rang de monuments officiels de l’histoire de France[1].

Or, à quelle époque, où et dans quel but fut composé l’Iter Hierosolymitanum, ou Descriptio, comme on le désigne souvent[2]. D’après l’abbé Lebeuf[3], cette œuvre aurait été composée au xie siècle. Elle ne saurait être antérieure à ce siècle, dit-il, puisque l’abbaye de Saint-Quentin en l’île, qui y est mentionnée, fut fondée à la fin du xe siècle, et elle ne saurait être non plus postérieure à 1085, date de la mort de Grégoire VII, puisque l’auteur s’exprime comme un homme

  1. Comme nous l’avons fait remarquer (p. 155, n. 1), le Voyage à Jérusalem ne fut pas traduit sur le ms. lat. 5925 de la Bibl. nat., dans lequel il manque, mais probablement sur le ms. lat. 12710. Il ne faudrait pas cependant croire, d’après une note de Paulin Paris (Grandes Chroniques, t. II, p. 171, n. 1), que le moine de Saint-Denis ne donna place à la traduction de l’Iter Hierosolymitanum, dans les Grandes Chroniques, que dans une version parue au cours du règne de Philippe de Valois. Comme le prouve le manuscrit de la bibliothèque Sainte-Geneviève, cette traduction y prit place dès le xiiie siècle, c’est-à-dire dès la première rédaction. L’assertion de Léon Gautier (Les épopées françaises, 2e éd., t. II, p. 295, en note) : « Dans les Chroniques de Saint-Denis on n’intercale la traduction de l’Iter Jerosolymitanum que pendant le règne de Charles VI », ne peut s’expliquer que par la confusion entre Charles VI et Philippe VI. Pour cette assertion, il renvoie à l’édition de P. Paris, t. II, sans indication de page ou de chapitre.
  2. On a donné au récit latin de l’Iter Hierosolymitanum le nom de Descriptio, d’après le premier mot de son titre : Descriptio qualiter Karolus Magnus clavum et coronam Domini a Constantinopoli Aquis Grani detulerit, qualiterque Carolus Calvus hec ad Sanctum Dyonisium retulerit.
  3. Histoire de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, t. XXI, p. 149.