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au plus tôt à la fin de 829 et au plus tard à la fin de 835, on peut donc dire seulement qu’elle ne fut pas écrite avant l’année 814 et pas après les années 830 à 835[1].

Le soin que prit Éginhard de donner à son œuvre toute la perfection littéraire désirable, son souci constant d’imiter Suétone dans ses Vies des Césars et surtout dans sa Vie d’Auguste[2] ne diminuent pas la valeur du fond de son œuvre ; mais il ne faut pas y chercher plus qu’il ne s’est proposé de nous donner. Il dit formellement[3] que dans la Vita Karoli il voulut faire connaître plutôt la vie du roi que les détail de ses guerres ; et vraiment, malgré les défauts que l’on peut y relever, c’est grâce à cette œuvre que nous pouvons « mieux pénétrer dans l’intimité du grand empereur franc[4] » et mieux connaître cette grande figure qui domine les premiers siècles du moyen âge[5].

  1. Cf. L Levillain, dans le Moyen-Âge, t. XXIV (1922), p. 185.
  2. Voir, dans édition Halphen, prologue, p. 5 ; Introduction, p. x et xi, et du même auteur : Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 93-95.
  3. Chap. vi.
  4. Éginhard, éd. L. Halphen, Introduction, p. xiii.
  5. Les éditions de la Vita Karoli sont très nombreuses. Nous indiquerons seulement les principales. La première, imprimée en 1521 à Cologne chez J. Soter, fut donnée par Hermann de Nuénare sous le titre de Vita et Gesta Karoli Magni ; on y ajouta les Annales : Annales regum Francorum Pipini, Karoli, Ludovici collecti per quemdam Benedictinæ religionis monachum. Après on peut signaler celles de Marquard Freher, Corpus Franciæ historiæ veteris et sinceræ, t. I, p. 433-444 ; — d’André Duchesne, Historiæ Francorum scriptores, t. II, p. 93 à 106 ; — des Acta Sanctorum, janvier, t. II, p. 877-888 ; — de D. Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. V, p. 88-103 ; — de Pertz, Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. II, p. 443-463 : édition reproduite par Migne dans sa Patrologia latina, t. XCVII, col. 25-62 ; dans la collection des Scriptores rerum germanicarum in usum scholarum, en 1829, 1845 et 1863 ; puis par J. L. Ideler, Leben und Wandel Karls des Grossen beschrieben von Einhard, Hambourg et Gotha, 1839, 2 vol. in-8o ; — de A. Teulet, dans ses Œuvres complètes d’Éginhard, t. I, p. 2-115, texte et traduction (fait partie de la collection de la Société de l’histoire de France) ; — de Ph. Jaffé, Bibliotheca rerum germanicarum, t. IV, Monumenta Carolina, Berlin, 1867, in-8o, et de O. Holder-Egger, Hanovre, 1911, in-8o. Les dernières éditions avec traduction sont celle de M. A. J. Grant, Eginhard and the Monk of St. Gall, early lives of Charlemagne, Londres, 1922, in-16, et celle que M. Louis Halphen vient de donner dans la collection des Classiques de l’histoire de France au moyen âge : Éginhard, Vie de Charlemagne, Paris, Champion, 1923, petit in-8o de xxiii-127 p.