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lui donner les titres d’archichapelain, de chancelier, de notaire de Charlemagne[1].

Si nous ne sommes pas bien fixés sur le rang qu’il occupa à la cour de cet empereur, nous pensons, néanmoins, qu’il est peut-être exagéré de ne lui attribuer qu’un rôle effacé et secondaire. L’amitié et l’estime que lui témoigna Charlemagne, le talent et l’activité que lui reconnaissent ses contemporains, la mission dont il fut chargé à Rome en 806, le rôle qu’il remplit en 813 dans l’association de Louis à l’empire, et enfin, j’ajouterai, la grande place qu’il tint ensuite à la cour de Louis le Débonnaire, me semblent être des preuves qu’il ne fut pas sans influence à celle de Charlemagne. En effet, si Louis le Débonnaire, fils respectueux et sans personnalité bien accusée, donna à Éginhard une haute situation auprès de lui, c’est qu’en cela il suivit probablement les traces et l’exemple de son père. Nous estimons donc qu’Éginhard fut suffisamment bien placé pour retracer dans sa Vita Karoli un portrait de son héros que nous puissions, dans l’ensemble, considérer comme fidèle.

Tenu en haute estime par Charlemagne, il fut comblé d’honneurs et de dignités par Louis le Débonnaire, et en 817 l’empereur le chargea de veiller sur la personne de son fils aîné Lothaire qu’il venait d’associer au trône impérial. Les dissensions qui éclatèrent ensuite entre Louis et ses fils, les troubles qui bouleversèrent l’empire pendant les dernières années du règne incitèrent Éginhard à s’éloigner de la scène politique et à se retirer dans la solitude. Le 11 janvier 815, l’empereur lui avait donné ainsi qu’à sa femme Imma le domaine de Mülinheim[2] ; il y fonda une

  1. L. Halphen, op. cit., p. 74 ; Marguerite Bondois, op. cit., p. 82, n. 1.
  2. Voir A. Teulet, Œuvres complètes d’Éginhard, t. II, p. 411. Cf. Bréquigny, Table chronologique des diplômes, t. I, p. 149, année 815 ; Böhmer-Mühlbacher, Die Regesten des Kaiserreichs unter den Karolingern, t. I, p. 225, no 549, et Th. Sickel, Regesten der Urkunden der ersten Karolinger, p. 97, no 44.