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[1]Moult souffroit li empereres pacienment la grant indignation et l’envie que li Grec et li empereres de Costantinoble li portoient covertement, tout eussent-il à li aliances pour la dignité et por le non de l’empire, car il sont de si grant presumption que il lor semble que nus ne doie porter non d’empereor fors li lor. Et pour ce que il le doutoient fermoient à li si sovent aliances.

[2]À Boloigne sor la mer, ala li empereres pour vooir la navie que il avoit commandé à faire en l’an devant. Une tor, qui ancienement ot esté faite sor le port pour prendre asens[3] et adrece aus nés qui par la mer erroient, refist et restora, et commanda que li feus i fust alumez chascune nuit, ou plus haut, pour ce que li desvoié s’adreçassent cele part à la clarté de la lumiere. Et aucun volent dire que Jules Cesar la fist faire après ce que il ot France conquise, pour passer en Engleterre, et l’apela la Tor d’Ordre[4]. De Boloigne s’en ala à une vile qui siet sor le flum d’Escauz, si a non Ganz. Là vit-il les nés et les galies qui ja estoient faites pour la devant dite navie. À Es la Chapele repaira entor mi le mois de novembre ; mès avant que il parvenist

  1. Ce paragraphe, qui a été emprunté à la Vita Karoli Magni, chap. xxviii, a été omis par Paulin Paris dans son édition des Grances Chroniques. Cf. t. II, p. 148.
  2. Annales d’Éginhard, année 811.
  3. Asens, direction.
  4. Cette dernière phrase est de l’auteur des Grandes Chroniques. La Tour d’Ordre, élevée par Caligula lors de son expédition sur la côte de l’océan, en face de la Grande-Bretagne, s’écroula vers 1644 (E. Egger, Notice sur la Tour d’Ordre à Boulogne-sur-Mer, dans Revue archéologique, nouvelle série, t. VIII (1863), p. 410-421).