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les sources les plus importantes auxquelles il puisa pour composer son histoire de Charlemagne.

Celles qu’il utilisa le plus et celles qui dans l’ensemble lui fournirent les renseignements les plus précis et les plus nombreux sur ce souverain sont, sans contredit, la Vita Karoli magni imperatoris d’Éginhard et les Annales royales ou Annales Laurissenses qui, pendant longtemps, furent attribuées à cet écrivain et qui sont encore connues sous le nom d'Annales d’Éginhard[1].

Né dans le Maingau[2] à une date que l’on ne saurait préciser, vers 770, disent la plupart des critiques[3], et au plus tard vers 776, Éginhard fut élevé à l’abbaye de Fulda où on le trouve remplissant les fonctions de scribe de 788 à 791. Remarqué pour son intelligence et ses aptitudes littéraires par l’abbé Baugolf, il fut envoyé à la cour. Charlemagne y groupait alors, sous la direction d’Alcuin, un certain nombre de jeunes gens de bonne famille, ou qui s’étaient distingués par leurs études, pour y former une pépinière d’hommes politiques et d’administrateurs. Si dans ce milieu

  1. Voir, dans Gabriel Monod, Études critiques sur les sources de l’histoire carolingienne, p. 155-162, l’examen des arguments invoqués tant en France qu’en Allemagne par différents érudits en faveur de l’attribution des Annales royales à Éginhard. Cf. Louis Halphen, Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 66-68.
  2. Cet ancien pays s’étend sur la rive gauche du Mein depuis Francfort jusqu’à la Tauber et comprend presque toute la partie sud du grand-duché de Hesse-Darmstadt (cf. Teulet, Œuvres complètes d’Éginhard, t. II, p. 412, n. 5).
  3. Teulet, op. cit., t. I, p. ii ; P. Jaffé, Bibliotheca rerum germanicarum, t. IV, Monumenta Carolina, p. 487. Cf. L. Halphen, op. cit., p. 69, n. 4. D’après certains témoignages, Éginhard aurait été de famille noble ; son père aurait également porté le nom d’Éginhard et sa mère celui d’Engilfrita (P. Jaffé, op. cit., p. 487, n. 1).