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à l’empereor en son palais de Es la Chapele. Ce message et les ii moines qui estoient venu de par Thomas le patriarche de Jerusalem, fist l’empereres demorer ovec lui une piece du tens. Au departir les honora de riches dons, et puis commanda que il fussent conduit en Ythalie pour atendre tens covenable pour passer.

En cel an meismes, envoia li empereres Burchart, un des princes de son palais[1], a grant navie pour defendre l’isle de Corse contre les Mors, qui sovent degastoient cele ysle ausi come par acostumance. Selonc la costume estoient ja issu d’Espagne et estoient premierement arivé en Sardagne. Aus genz du païs s’estoient combatu, mès il furent desconfit et perdirent bien iiim homes. De là s’en vindrent, voiles tendues, en cele ysle de Corse. Mès au port où il ariverent, troverent le conte Bulchart et sa navie tout pareillié de combatre ; ensemble se combatirent, mès li Mor furent desconfit et chacié et perdirent moult de lor gent, et si retint li cuens Bulcharz xiii de lor nés. En cele année troverent fortune contraire en toz les lieus où il arriverent ; si disoient-il meesmes entre els que ce estoit pour ce que il avoient, en l’année devant, pris lx moines en l’isle de Pathalaire[2] et venduz en Espagne ; desquiex aucun retornerent puis en lor païs par la franchise de l’empereor du païs[3].

En ce point fist pais à Pepin, le roi de Lombardie, li patrices Nicethes qui a toute la navie de l’empereor de

  1. Burchart était connétable : « Comes stabuli. »
  2. Auj. île de Pantellaria, dépendant de l’Italie, située dans la Méditerranée, entre la Sicile et la Tunisie.
  3. Ce fut par la libéralité de Charlemagne : « Per liberalitatem imperatoris » (Éginhard).