Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui a non Theate[1], destruite fu et arse et maint chastel qui à cele cité se tenoient, desquiez li un furent pris par force et li autre rendu. Si fu pris Roselins[2], li prevoz de cele cité. Cil Roselins et li autres Zatons furent amené devant l’empereor et dampné par essil.

Ou mois d’octovre de cele année meesmes, arriva au port de Venise[3] li juis Ysaac, que li empereres avoit envoié au roi de Perse. A l’empereor presenta un elephant[4] et mainz autres riches presenz. Et pour ce que il ne pot passer les monz pour l’yver et pour les granz nois, le fist li empereres sejorner toute la saison en la cité de Verziaus, et il s’en ala à Es la Chapele et i celebra la Nativité Nostre Seigneur.

[5]En ce tens, envoia Helene[6], l’empererriz de Costantinoble, à l’empereor un message qui avoit non Leons[7], pour confermer pais et amor entre les François et les Griex, et quant il s’en vot partir de cort, li empereres envoia ovec lui en message à l’empererriz, Yesse, l’evesque d’Amiens[8], pour autel choses meesmes

  1. Theate, auj. Chieti, Italie, ch.-l. de la prov. de ce nom, dans l’Abruzze citérieure.
  2. Éginhard le nomme « Roselmus ».
  3. « Portum Veneris intravit », auj. Portovenere, Italie, prov. de Gênes, district de Spezia, à l’entrée du golfe de ce nom.
  4. Éginhard nous fait connaître son nom, « Abulabaz ». Cet éléphant mourut en 810 à Lippenheim (Éginhard, Annales, année 810).
  5. Annales d’Éginhard, année 802.
  6. « Herena imperatrix » : c’est l’impératrice Irène.
  7. Éginhard fait connaître sa fonction : « Leonem spatharium ». Les spatharii étaient les gardes du corps des empereurs byzantins.
  8. Jessé, qui succéda probablement en 799 à l’évêque Georges sur le siège d’Amiens, fut chargé de nombreuses missions pour Charlemagne, à la cour duquel il était presque toujours. Déposé en 830 à la suite de la part qu’il prit à la révolte de Lothaire contre Louis le Débonnaire, il fut ensuite replacé sur son siège, puis obligé de s’enfuir en Italie en 834, où il mourut en 836 (Histoire littéraire de la France, t. IV, p. 525. Cf. Gallia Christiana, t. X, col. 1157, et Migne, Patrologie latine, t. 105, p. 779 et suiv.).