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les montaignes meesmes fondirent en aucuns lieus. De ce crole trembla l’eglise de Saint Pol en la cité de Rome, si forment que grant partie des tres et de la coverture chai jus. En ce tens mesmes crolerent aucun lieu en Alemagne, entor le Rim, et en aucuns lieus en France, et fu granz pestilence en cele année pour le tens qui ot esté mous et destrempez.

Des Vaus de Spolite se parti li empereres et s’en ala à Ravane[1]. Là li dist-on que li message Aaron, le roi de Perse, estoient arivé au port de Pise. Encontre els envoia jusques entre Verziaus et Yvorie[2]. Dui estoient cil message et à divers seigneurs. Cil qui estoit venuz de par Aaron, le roi de Perse, estoit droiz Persiens nez d’Orient, li autres estoit Sarrazins nez d’Aufrique ; si estoit envoiez de par l’amiraut Abraham[3]. Quant il furent amené devant l’empereor, li messages Aaron, le roi de Perse, li dist que Ysaac li juis que il avoit envoié Aaron, le roi de Perse, iiii anz avoit ja passez, ovec ii autres messages, Lanfroi et Sigismont, estoit

  1. Après être resté quelques jours à Ravenne, il alla à Pavie, où il apprit l’arrivée des ambassadeurs d’Haroun, « et aliquot dies ibi moratus, Papiam perrexit » (Éginhard).
  2. L’auteur des Grandes Chroniques n’a pas bien traduit Éginhard. Charlemagne envoya à la rencontre des ambassadeurs, non pas entre Verceil et Ivrée, mais se les fit présenter entre ces deux villes : « Quibus obviam mittens, inter Vercellos et Eporediam eos sibi fecit præsentari. »
  3. « Legatus amirati Abraham, qui in confinio Africæ in Fossato præsidebat. » Il s’agit de l’émir Ibrahim ben Aglab, qui, ayant abandonné Kairouan, fonda en l’an 800, un peu au sud, la ville de Kasr-Kadim (l’ancien château), qu’Éginhard a désignée sous le nom de Fossatum (Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi, t. XII, p. 477-478. Cf. Œuvres complètes d’Éginhard, éd. Teulet, t. I, p. 416).