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Pere, droit en ce point que l’on devoit celebrer la grant messe. Ensi come il se fu enclinez en oreson devant l’autel, li apostoiles Leons li assist la corone emperial sor le chief. Lors comença li poples à crier en tel maniere : « Au grant Karlemaine, Auguste, coroné de Dieu, paisible empereor des Romains, soit vie et victoire. » Après ces loenges du pople, li papes l’aorna[1] et vesti de garnemenz emperiaus, selonc la costume des anciens princes. Le non de patrice mist jus et fu apelez d’iluec en avant empereres et augustes. Poi de jors trespasserent après que il commanda que cil qui[2] l’apostoile Lyon avoient desposé fussent devant lui amené. Questions fu desputée sor le fait et puis furent jugié et dampné, selonc les loys de Rome, des chiés

  1. D’après le texte d’Éginhard, Léon III aurait non pas orné, mais adoré Charlemagne : « Post quas laudes ab eodem pontifice more antiquorum principum adoratus est. » Il s’agit ici du cérémonial observé à la cour des empereurs romains à partir du règne de Dioclétien. Les personnes admises en présence de l’empereur devaient s’agenouiller et se prosterner devant lui (cf. Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. I, vo adoratio, et E.-Ch. Babut, l’Adoration des empereurs et les origines de la persécution de Dioclétien, dans la Revue historique, t. CXXIII (1916), p. 230). Le Liber Pontificalis (t. II, p. 7) ne fait aucune allusion à cette cérémonie ; il dit seulement qu’il fut proclamé empereur des Romains et que son fils aîné Charles reçut l’onction des mains du pape : « Et ab omnibus constitutus est imperator Romanorum. Illico sanctissimus antistes et pontifex unxit oleo sancto Karolo, excellentissimo filio ejus, rege » (cf. A. Kleinclausz, l’Empire carolingien, ses origines et ses transformations, p. 197, et surtout, dans Louis Halphen, Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, le chapitre consacré au « couronnement impérial de l’an 800 », p. 219-238).
  2. Ms. S. G. : que.