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Tandis come li rois demoroit ensi là pour cele besoigne, li vindrent ii paire de mauveses noveles. L’une si fu que li Saine s’estoient du tot torné contre li, et l’autre que li Sarrazin estoient entré en sa terre par devers Espagne[1] et s’estoient combatu aus François qui les marches gardoient ; si en avoient mainz occis et s’en estoient retorné o victoire. Li rois, qui moult fu troblez de ces noveles, retorna en France[2], la Nativité et la Resurrection celebra sor un flun qui a non Moene, près d’une vile qui est apelée Saint Chiliem.

[3]Au commencement d’esté fist li rois un parlement des barons et dou pople. Après refist un conciles[4] de toz les prelaz de son roiaume pour dampner l’eresie Pheliciene. A ce concile furent dui evesque et legat de la cort de Rome, Estiennes et Theophiles[5] ; si

  1. D’après la Chronique de Moissac, année 793, les Sarrasins pénétrèrent en France jusqu’à Narbonne et Carcassonne. Guillaume, comte de Toulouse (Guillaume au court nez), leur livra à Villedagine, sur les bords de l’Orbieu, une bataille, à la suite de laquelle ils retournèrent en Espagne (cf. Reinaud, Invasions des Sarrazins en France, p. 103 et 104).
  2. Le sens du texte latin est mal rendu : Charlemagne ne célébra pas ces deux fêtes dans le même endroit, mais dans deux villes différentes ; Noël en l’abbaye de Saint-Kilian de Wurtzbourg et Pâques à Francfort-sur-le-Mein. « Celebravitque Natalem Domini apud Sanctum Kilianum juxta Mœnum fluvium, Pascha vero super eundem fluvium in villa Franconovurd, in qua et hiemaverat. »
  3. Annales d’Éginhard, année 794. Le ms. fr. 20350 de la Bibl. nat., fol. 82, donne ici la rubrique d’un treizième chapitre : Comment le roy Charle le Grant condempna l’érésie Félicienne.
  4. Le concile de Francfort, qui eut lieu en 794. Voir Labbe et Cossart, Sacrosancta Concilia, t. VII, col. 1013 à 1075, et A. Werminghoff, Mon. Germ. hist., Concilia, t. II, p. 110-171.
  5. Éginhard l’appelle Theophilactus.