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que il conduisoit jusques à un flum qui est apelez Arrabone[1] ; outre passa et s’en ala toz jors selonc le rivage jusques là où cil fluns chiet en la Dynoe. Là fist tendre ses herberges pour demorer aucuns jors. D’iluec proposa à retorner par une contrée qui a non Salbarie[2]. L’autre partie de son ost que il avoit livrée au conte Tyerri et à Mangifroi, son chambellanc, commanda à retorner par cele maisme voie que il estoient alé. En tel maniere destruist et gasta par feu et par occisions la plus grant partie de Pannonie, sanz autre bataille et sanz encontre de ses anemis, et se reçut en Baiviere sains et hetiez il et toz ses oz. Li Frison et li Saine, qui par son commandement estoient en l’autre partie de son ost que Mangiffroiz et li cuens Tierris conduisoient, retornerent en lor païs. Cist ost fu menez sanz nul domage fors que de tant, que si granz perstilence et si granz mortalitez de chevaus fu en cele partie de l’ost que li rois conduisoit, que de tant de milliers cum il estoient, n’en demora pas la xe partie. Atant departi ses oz et s’en ala yverner en une cité qui a non Raineborc[3]. Là celebra la sollempnité de Noël et de Pasques.

  1. « Ad Arrabonis fluenta » (Éginhard), auj. la Raba ou Raab, rivière d’Autriche-Hongrie, affluent de droite du Danube.
  2. On a, dans le texte latin, « per Sabariam ». Cette expression ne peut désigner que la ville actuelle de Hongrie Szombathely ou Steinamanger, ch.-l. du comitat de Vas, qui est située sur l’emplacement de la Sabaria romaine, et non Sarwar ou Sarvar, comme l’indique Pertz (Mon. Germ. hist., Scriptores, t. I, p. 177 et 192).
  3. « Reginum civitatem, quæ nunc Raganesburg vocatur » (Éginhard), auj. Ratisbonne, Bavière.