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ii oz ; li uns entra en la marche d’Aquilée[1] et li autres en Baiviere, mes en vain et à lor grant domage, car il furent vaincu et chacié de ces ii lieux, et s’enfuirent en lor païs à grant perte de lor choses et à grant occision de leur gent. Autre foiz se remurent-il à venir en Baiviere à plus granz oz que il n’avoient fait devant[2] ; mes li Baivier les desconfirent en la premiere bataille et en occistrent une multitude sanz nombre ; et maint autre de ceus qui pas ne furent occis, qui cuiderent eschaper, se ferirent el flum de la Dynoë, si que il furent dedenz absorbi et noié.

Entre ces choses, Costantins, li empereres de Costantinoble, qui moult avoit grant mautalent vers le roi Kallemagne pour ce que il li avoit sa fille vehée[3], manda à Theodone, qui gardoit la terre de Sezile, et à plusors autres de ses menistres que il entrassent en la province de Bonivent et que il meissent tot à gast et à destruction. Cil s’apareillierent pour acomplir son commandement ; mais Grimoualz[4], qui après la mort

  1. On a, dans Éginhard : « Marcam Forojuliensem », la marche de Frioul. L’auteur des Grandes Chroniques donna à cette marche le nom de sa principale ville.
  2. Le royal ms. 16 G VI, fol. 134, ajoute en note, « pour la villanie vengier » afin de traduire « quam injuriam velut vindicaturi » d’Éginhard.
  3. Vehée, refusée. Ce serait en 787, à Capoue, que les ambassadeurs grecs auraient dénoncé la rupture du mariage projeté entre Rotrude et Constantin (Regesta imperii, éd. Böhmer-Mühlbacher, t. I, p. 103. Cf. A. Kleinclausz, l’Empire carolingien, p. 173).
  4. Grimoald, second fils d’Arachis, était, à la mort de ce dernier (787), en otage à la cour de Charlemagne, qui lui permit de succéder à son père.