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Il vit Purucha, solitaire, couché sur un lit étendu, blanc comme les fibres de la tige du lotus, formé par le corps de Çêcha et porté sur l’océan [qui submerge l’univers] à la fin de chaque Yuga, et dont l’obscurité était dissipée par les feux des joyaux placés sur les têtes [du serpent], qu’ornaient les ombrelles de ses crêtes.

Purucha effaçait la splendeur d’une montagne d’émeraude à la ceinture de chaux rouge et aux nombreux pics d’or, ayant pour guirlande des joyaux, des lacs, des végétaux, des parterres de fleurs, pour bras des bambous, et pour pieds des arbres.

Son corps, qui était sa mesure à lui-même et qui en longueur et en étendue embrassait les trois mondes, était couvert d’un vêtement brillant de l’éclat des parures et étoffes variées et divines…

Son visage, dont le sourire dissipe la douleur des mondes, orné par des pendants d’oreilles étincelants, rougi par l’éclat de ses lèvres semblables au Bimba, embelli par un nez et des sourcils agréables, exprimait le respect en retour du respect…

Entourés des plus beaux joyaux et des plus riches bracelets, ses bras étaient comme des milliers de rameaux ; sa racine était le principe invisible ; les mondes formaient l’arbre vigoureux dont les branches étaient environnées des crêtes du Roi des serpents.

C’était Bhagavat, semblable à une montagne, réceptacle de ce qui se meut comme de ce qui ne se meut pas, ami du Roi des serpents, environné par les eaux ; ses milliers d’aigrettes étaient comme des pics dorés ; sur son sein apparaissait le joyau Kâustubha.

C’était Hari, au col duquel était suspendue une guirlande faite de sa propre gloire et qu’embellissaient les Védas semblables à des abeilles[1].

  1. B.-P., liv. III, ch. VIII : Brahma voit Bhagavat ; Burnouf, t. I, p. 351. Je ne cite pas tout ce long portrait. Je mets en italique les passages dont Leconte de Lisle s’est particulièrement inspiré. De même, dans les citations qui suivent.