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suce les cadavres de ceux qui descendent là. Le loup les déchire.


Écoutons maintenant Snorr :


Le prince des Brasiers est là qui me regarde…

Il siège en la grand’salle aux murs visqueux, noircis,
Où filtre goutte à goutte une bave qui fume,
Et d’où tombent des nœuds de reptiles moisis…

En bas, gît le marais des Lâches, des Jaloux,
Des Hypocrites vils, des Fourbes, des Parjures.
Ils grouillent dans la boue et creusent des remous.


Au-dessus du prince de l’Enfer, Snorr voit tournoier un dragon :


Au-dessus du Malin, sur qui pleut cette écume,
Tournoie, avec un haut vacarme, un Dragon roux
Qui bat de l’envergure au travers de la brume.


Ce dragon est le dragon Midgard, que la devineresse nous montre tombant dans l’abîme au moment où le monde ressuscite[1] :


Le sombre dragon volant arrive de l’empire des ténèbres. Il étend ses ailes, plane sur la vallée, au-dessus des cadavres. Maintenant il tombe dans l’abîme[2].


D’autres traits de l’Enfer de Snorr sont empruntés à l’Enfer de Dante.

Il y a « neuf maisons noires » dans celui-là, et neuf cercles dans celui-ci.


  1. Voir l’étude sur la Légende des Nornes.
  2. Chants populaires du Nord, p. 16.