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l’attrait qui, en poussant les êtres l’un vers l’autre, entretient la vie du monde :


Par quelque nom sacré que la terre te nomme,
Ivresse, Joie, Angoisse adorable de l’homme,
Qu’un éternel désir enchaîne à tes genoux,
Aphrodite, Kypris, Érycine, entends-nous !

Tu charmes, Bienheureuse immortellement nue,
Le ramier dans les bois et l’aigle dans la nue ;
Tu fais, dès l’aube, au seuil de l’antre ensanglanté,
Le lion chevelu rugir de volupté ;
Par Toi la mer soupire en caressant ses rives,
Les astres clairs, épars au fond des nuits pensives,
Attirés par l’effluve embaumé de tes yeux,
S’enlacent déroulant leur cours harmonieux ;
Et jusque dans l’Érèbe où sont les morts sans nombre,
Ton souvenir céleste illumine leur ombre !


Si la fin de ce morceau fait songer à des vers fameux de Rolla, le début rappelle ces vers d’André Chénier :


Les Ménades couraient en longs cheveux épars
Et chantaient Évius, Bacchus et Thyonée,
Et Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée,
Et tout ce que pour toi la Grèce eut de beaux noms.


Évius et Thyonée, Dionyse et Iacchus, ce sont là sans doute, si l’on veut, de beaux noms, des noms dont l’harmonie n’échappe pas à nos oreilles et dont la physionomie pittoresque suffit à évoquer une vision d’orient. Mais les mots qui composent cette énumération ne sont-ils pas cependant trop inintelligibles pour qu’elle nous intéresse vraiment ? On ne peut adresser le même reproche à l’énu-