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L’indocile troupeau des chèvres aux poils lisses,


et que le tintement aigu des grelots s’unit par intervalles à la plainte des vagues ou au bruit grêle des pins sur la colline. Heure charmante, où la vierge de l’Etna, Thestylis, descendant vers la source, embellit encore de sa grâce cette nature souriante ; où chaque soir elle rêve d’être aimée par un dieu, pour qu’il ravisse au temps jaloux la fleur de sa beauté ; où chaque soir, après une attente vaine et quelques pleurs versés, elle se reprend à espérer, car elle songe tout bas :


Je l’aime et je suis belle ! Il m’entendra demain !


Kléarista, c’est la Sicile au lever de l’aurore, quand l’alouette joyeuse


D’un coup d’aile s’envole au sifflement des merles,


et que les lièvres, tapis dans le creux des sillons, remuent les épis d’un bond inattendu ; quand Kléarista s’en vient par les blés


Avec ses noirs sourcils arqués sur ses yeux bleus,


et que le berger de l’Hybla, se demande qui rayonne le mieux sous le ciel, de la Sicilienne au doux rire ou de l’Aube sortant de l’écume marine.

Paysage, enfin, c’est la Sicile aux heures les plus chaudes du jour, quand, tous les souffles s’étant apaisés et tous les bruits d’ailes s’étant tus, le silence de l’air n’est plus interrompu que par le murmure léger des abeilles fidèles ; quand les béliers dorment dans la moiteur des noirs