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CHAPITRE VIII


Poèmes bibliques


LA VIGNE DE NABOTH [1]


La Vigne de Naboth est l’un des plus remarquables d’entre les Poèmes barbares, et ce n’est pas un des moins originaux. L’originalité du poète n’a point consisté sans doute à inventer les faits : il les a pris dans les chapitres XX et XXI du IIIe livre des Rois.

Peu après qu’Achab, roi d’Israël, eut vaincu pour la deuxième fois le roi de Syrie, Benabad, il demanda à Naboth de lui céder sa vigne contre une vigne meilleure ou contre une somme d’argent. Naboth ne voulut point se dessaisir de son héritage. Le roi rentra chez lui, grinçant des dents, se jeta sur son lit, tourna le front contre le mur et demeura sans manger.

Sa femme Jézabel vint lui demander la cause de son affliction, et quand il lui eut raconté son entrevue avec Naboth, elle lui dit : — Allons, lève-toi, mange, reprends courage ; c’est moi qui te donnerai la vigne de Naboth de Jezrahel.

Elle écrivit une lettre, scellée avec l’anneau d’Achab, aux anciens de la cité qu’habitait Naboth : elle leur enjoignait


  1. Poèmes barbares, II.