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mort de « leur ami, de leur chef, de leur défenseur, de leur père ».

Le chant mis par le poète sur les lèvres de ces soldats orphelins n’est guère qu’une description de la bataille de Kala’t-al-Noçour. Mais quelle description ! combien émouvante ! combien pittoresque ! combien significative surtout ! Car lorsque les soldats d’Al-Mançour dessinent la fière attitude de leur général, ce n’est pas un individu qu’ils dressent devant nous, c’est un type, c’est le guerrier arabe :


Et toi, vêtu de pourpre et de mailles d’acier,
Coiffé du cimier d’or hérissé d’étincelles,
Tel qu’un aigle, le vent de la victoire aux ailes,
La lame torse en main, tu volais devant elles,
Mohammed-al-Mançour, bon, brave et justicier !


Et quand ils racontent les infatigables élans de ces étalons qui bondissaient dans la mêlée,


Comme un essaim strident d’activés sauterelles,


ce n’est pas tel combat particulier qu’ils font revivre à nos yeux, c’est une longue série de batailles, c’est toute guerre arabe :


Ah ! vrais fils d’Al-Borak la Vierge et de l’éclair,
Sûrs amis, compagnons des batailles épiques,
Joyeux du bruit des coups et des cris frénétiques,
Vous hennissiez, cabrés à la pointe des piques,
Vous enfonçant la mort au ventre, ô buveurs d’air !


Et quand enfin ils se représentent avec un frémisse-