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Puis il dit la jeunesse du monde et le déluge.

Les grandes Eaux luisaient, transparentes, dans le lit où Gadarn les comprimait. Dans son palais de nacre, le roi Dylan[1] dormait, bercé par les flots ; ses fils riaient au soleil dans l’herbe des îles, et l’homme était heureux, la terre étant bonne et douce étant la mort.

Quand ce jour eut compté mille années, le vieux dragon Avank, aux sept têtes et aux sept becs d’aigle, sortit de sondolmenn, contempla la vie et, jaloux, mordit les digues de la mer.

Cent longues nuits durant, l’horrible Bête rongea les blocs : le granit s’effondra enfin et le Lac des Lacs noya la terre. Bois, animaux, races humaines, tout fut englouti ; et, joyeux de son crime, le Dragon cria : — Hors moi, qui suis impérissable, les heureux sont couchés dans l’oubli !


    conte de Pérédur (Les Romans de la Table Ronde et les Contes des anciens Bretons, 3e édition, Paris, Didier, 1860 ; p. 419-420). Voici le passage imité par notre poète :

    Hu ! toi dont les ailes fendent l’air, toi dont ie fils était le protecteur des grands privilèges, ton héraut bardique, ton ministre, ô père généreux...

    Soutien de la Bretagne, Hu, dont le front rayonne, soutiens-moi, régulateur du ciel, ne rejette pas mon message !…

    Gloire à toi, victorieux Beli…

    Au mot Beli, La Villemarqué note que les Triades le comptent avec Idris, l’inventeur de la harpe, et Eidiol, le magicien, parmi les trois bardes primitifs. Or, notons qu’après avoir invoqué Hu, le héros de Leconte de Lisle invoque « les chanteurs anciens, chefs des harpes bardiques ».

  1. Je ne sais ce que Leconte de Lisle fait au juste de ce personnage mythologique qui apparaît dans le Kad Goddeu, où il est appelé « le fils de la vague ».