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le père de son beau fiancé. — Mon père est très riche, dit Jésus. La terre et le ciel lui obéissent ; l’homme, le soleil, les étoiles lui rendent hommage. Un million de beaux anges s’inclinent devant lui, les yeux baissés. — Et votre mère ? — Jamais il n’y eut dans le monde une femme aussi pure. Elle devint mère d’une façon miraculeuse, sans cesser d’être vierge. — De quelle contrée venez-vous donc ? — Je viens du royaume de mon père, où tout est joie, beauté, vertu. Là, des milliers d’années se passent comme un jour ; d’autres milliers d’années leur succèdent pleines de repos et de félicité. — Hâtons-nous donc, ô mon roi, d’arriver à la demeure de votre père.

Ils continuent leur route à travers les champs et les prés et arrivent près d’un monastère où Jésus entre. — Attendez-moi ici, dit-il.

Le jour se passe, le soir arrive ; la jeune fille attend toujours.

Alors elle frappe et crie : — Ouvrez-moi ; mon bien-aimé est ici. — Nous n’avons vu entrer personne. — Mon bien-aimé est ici : pourquoi me le cacher ? — Dites-moi comment il s’appelle ; je vous dirai si je le connais. — Hélas ! j’ai oublié son nom. Mais c’est le fils d’un roi. Son père tient le sceptre de la terre et du ciel. Sa mère est une vierge. — Ah ! s’écrie le portier, c’est Jésus. Si c’est là votre fiancé, je vais vous le montrer. Mais renoncez à toutes les grandeurs païennes ; renoncez à la tendresse de votre père ; oubliez votre pays de paganisme, car désormais vous devez être chrétienne. — Mon amour, répond-elle, est ce que j’ai de plus cher, et nul sacrifice ne peut m’effrayer.