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Mon principal dessein a été de mettre sous les yeux du lecteur les textes dont le poète s’est inspiré et de donner aussi clairement que possible les renseignements indispensables pour comprendre les légendes qu’il raconte. Mais je ne me suis pas abstenu de chercher les raisons des changements qu’il fait subir à ses modèles, ni par conséquent d’essayer de dégager le sens de ses poèmes.

Dans ses reconstitutions historiques il me semble poursuivre en général un double dessein : expliquer ce que les vieux mythes, les vieilles légendes ont de particulier et de local par l’influence du milieu, surtout par celle de la nature, — et de là tant de longs paysages ; — montrer ce que les mêmes mythes, les mêmes légendes contiennent, au fond, de vérité éternellement humaine.

Assez souvent le poème a aussi pour objet d’exprimer, au moins incidemment, les idées personnelles de l’auteur. Et toujours celui-ci se préoccupe encore de faire une œuvre d’une belle ordonnance ; car plus sa poésie est exotique par les sujets, et plus il veut que par la clarté du plan elle soit profondément française.

Il a plus d’une façon d’utiliser ses sources.

Avec la plus grande intelligence du sujet à traiter, tantôt il traduit plus ou moins librement (Hèràklès au taureau, la Genèse polynésienne, la Joie de Siva), tantôt il procède par contaminatio (Prière védique pour les Morts, la Vision de Brahma, la Mort de Sigurd), tantôt il arrange l’histoire racontée par son modèle (le Cœur de Hialmar, l’Épée d’Angantyr), tantôt, d’après cette histoire, il en invente une nouvelle (Néférou-Ra), tantôt il imagine une histoire de toutes pièces pour mettre en action les documents puisés