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tion de la stèle : le poème, comme la stèle, nous présente un tableau suivi d’un récit.

Dans le tableau du poème, comme dans la partie gauche du tableau de la stèle, on voit dix prêtres porter une barque peinte où Khons siège sous un parasol[1]. Autour de la barque, le poète, — c’était son droit et son devoir, — a développé un beau décor, décor très sobre, mais où est condensé en quatre vers tant de couleur et de vérité qu’il y a peu de pages qui donnent du paysage égyptien une impression plus exacte et plus forte :


Un matin éclatant de la chaude saison
Baigne les grands sphinx roux couchés au sable aride,
Et des vieux Anubis ceints du pagne rigide
La gueule de chacal aboie à l’horizon.


On admirerait de même le portrait du dieu Khons, si le poète ne s’était pas trompé de modèle. Ayant eu, en effet, l’imprudence d’ouvrir le naos que le tableau de la stèle tenait fermé, il a prêté au dieu « un col raide, un œil fixe, une épaule carrée » ; il lui a « allongé les mains sur ses genoux aigus » ; il a enclos « ses tempes lisses » d’une double bandelette, « qui pend avec lourdeur sur son sein et son dos ». Et rien n’est plus égyptien, sans doute, que ce personnage, mais on reconnaît immédiatement en lui le roi Sovkhotpou du premier empire thébain, dont le


  1. Si ces prêtres ont « le front incliné vers le sol », c’est sans doute pour que sol rime avec parasol : car dans la stèle ils ont plutôt le front relevé.