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Non moins barbare était, nous l’avons vu dans un autre chapitre, le spectacle de la côte africaine, de sa plage aride aux odeurs insalubres, où hurlaient des chiens ; spectacle lugubre en soi et rendu plus lugubre d’évoquer dans l’esprit la vision de l’océan polaire et celle de l’immense désert de sable où les lions ont faim :


Sans borne, assise au Nord, sous les cieux étouffants,
L’Afrique, s’abritant d’ombre épaisse et de brume,
Affamait des lions, dans le sable qui fume,
Et couchait près des lacs ses troupeaux d’éléphants[1].


S’il n’y a rien dans la nature qui puisse être plus barbare que la mer, il n’est pas étonnant que les barbaries de l’océan où Leconte de Lisle navigua ait trouvé en lui un poète capable de nous en dire toute l’horreur.

  1. Les Hurleurs.