Rien ne finit, rien ne commence :
Ce n’est ni la nuit, ni le jour.
Point de lame à frange d’écume.
Point d’étoiles au fond de l’air.
Rien ne s’éteint, rien ne s’allume :
L’espace n’est ni noir, ni clair.
Albatros, pétrels aux cris rudes,
Marsouins, souffleurs tout a fui.
Sur les tranquilles solitudes
Plane un vague et profond ennui.
............
Et le long des cages à poules,
Les hommes de quart, sans rien voir,
Regardent, en songeant, les houles
Monter, descendre et se mouvoir[1].
Parfois, c’était, autre paysage barbare, la tempête sur l’océan noir, le fracas des vents et le sabbat des monstres marins autour des matelots éperdus :
Souffleurs, cachalots et baleines,
Mâchant l’écume, ivres de bruit,
Mêlent leurs bonds et leurs haleines
Aux convulsions de la nuit.
............
Et nul astre au ciel lourd ne flotte ;
Toujours un fracas rauque et dur
D’un souffle égal hurle et sanglote
Au travers de l’espace obscur[2].