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Khons la guérit. Il la guérit en la rendant à la vie immortelle, et le poète console le père : il sait bien que la mort est le seul remède de l’amour :


Ne gémis plus, Ramsès ! Le mal était sans fin
Qui dévorait ce cœur blessé jusqu’à la tombe ;
Et la mort, déliant ses ailes de colombe,
L’embaumera d’oubli dans le monde divin !

Typhaine et Komor, encore deux êtres chez qui l’amour a su être plus fort que l’amour, plus fort même que la religion[1].

La légende de Tiphaine et de Comorre, connue par le Foyer Breton d’Émile Souvestre[2], n’a fourni que les noms des héros. Les souvenirs du paysage breton, très familier au poète, a fourni le décor ; lui-même a inventé l’histoire.

C’était par une nuit orageuse. La lune par moments éclairait la tour de Komor, qui regardait la mer comme un cormoran. Au dehors, la grêle, le vent, des houx et des chênes. Dans une salle de la tour, un grand Christ, une cloche, une épée nue sur un bloc bas. Au feu d’une torche plantée en un flambeau grossier, un vieillard marchait, les bras croisés sur sa cotte d’acier.

Un moine parut et dit : — J’ai fait selon votre com-

  1. Le Jugement de Komor paraît le 28 février 1859 dans la Revue Contemporaine.
  2. Paris, Coquebert, 1845.