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Les Elfes : encore une histoire d’amants qui, ayant su aimer, ont su en mourir.

Entre les versions assez nombreuses de la légende, Leconte de Lisle a choisi celle que Henri Heine avait reproduite dans son livre De l’Allemagne[1]. Il en a modifié le dénouement.

Un beau chevalier traverse la forêt où dansent les Elfes. Leur reine l’invite à danser avec elle. Il refuse : sa fiancée l’attend. En vain, pour le séduire, la reine lui offre-t-elle les présents les plus beaux. Il refuse encore. Alors, de son doigt elle le touche au cœur. Il fuit, mais tout à coup il frissonne : une forme blanche lui tend les bras. C’est sa fiancée, morte. La reine l’a tuée en touchant le cœur qui était sien. D’amour, alors, lui-même, le chevalier tombe mort.

Le jeune être qui ayant aimé a su en mourir, le voici encore ; le voici dans l’antique Égypte : il porte le nom poétique de Néférou-Ra, la beauté du Soleil.

Quand il écrit Néférou-Ra, poème publié le 15 septembre 1861 dans la Revue Européenne, Leconte de Lisle a divers desseins. D’abord, il est séduit par le

  1. Œuvres de Henri Heine, Paris, Renduel, 1835, t. VI, p. 143.