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IV

LA BARBARIE DE L’AMOUR


Au moment où Leconte de Lisle commence à écrire les poèmes qui formeront plus tard le recueil des Poèmes Barbares, quels sont chez lui les sentiments les plus violents, ceux du moins qui éprouvent les premiers le besoin de s’exprimer ? La réponse est claire. Le Runoïa paraît le 15 août 1854 dans la Revue de Paris ; le même numéro de la Revue des Deux-Mondes (15 février 1855) qui publie la Jungle publie les Damnés de l’Amour. Or, la Jungle dit la souffrance d’avoir à chercher laborieusement la nourriture quotidienne ; le Runoïa dit l’hostilité contre le christianisme ; les Damnés de l’Amour disent la douleur d’une trahison.

C’était la femme d’un ami. Le poète l’aimait. Elle l’avait aimé. Elle le trompa. La trahison de cette créature, belle mais vulgaire, le jeta dans un état d’anéantissement qui inquiéta ses amis[1].

  1. Voir Calmettes, p. 82 et Flottes, p. 89 et suiv.