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J’ai fui vers le couchant, j’ai prié, combattu ;
J’ai gravi d’astre en astre et de vice en vertu.
Emportant le fardeau des angoisses utiles ;
J’ai vu cent continents, j’ai dormi dans cent îles,
Et voici que je suis plein d’innombrables jours,
Devant grandir sans cesse et m’élever toujours !


De plus Leconte de Lisle avait la joie de reconnaître dans le polythéisme gaulois d’avant même l’invasion Kymrique un polythéisme qui lui rappelait celui de ses chers Hellènes et dans les conceptions Kymriques des conceptions apparentées à celles de ses chers Indous.

La première partie du Massacre de Mona est, en somme, un document qui atteste chez le public de 1860 la popularité d’Henri Martin, l’intérêt porté à la question des origines nationales, la sympathie pour la croyance à la migration des âmes. Elle atteste chez Leconte de Lisle l’ambition d’être un historien bien informé. Elle dénonce aussi chez lui le parti-pris de voir en beau les hommes et les doctrines qui lui agréent ; car alors qu’Henri Martin expose ce que le culte des druides eut de cruel, le poète le réduit à l’offrande pacifique d’une libation et d’une fumée.

Enfin ce qu’elle manifeste avec éclat, c’est sa parfaite connaissance et c’est son amour de la côte bretonne ; c’est la profondeur de ses émois devant les clameurs du vent si formidables que le bruit des flots ne s’entend plus :