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dans le pays qu’elle occupe aujourd’hui. Après quoi, la prophétesse Uheldéda annonce l’outrage qui se prépare contre les dieux nationaux et que rien ne pourra empêcher.

Convenons sans difficulté que dans cette première partie, de beaucoup la plus longue, le poème est par endroits assez obscur. Il est, avec Baghavat, un de ceux qui risquent le plus de faire sourire, peut-être d’endormir les lecteurs d’aujourd’hui. Il leur est difficile de s’intéresser à l’histoire de Dylan, d’Hu-ar-Braz, du dragon Avank et de Hu-Gadarn.

Mais on comprend qu’elle ait intéressé Leconte de Lisle, C’était une histoire bretenne, et la Bretagne, où le souvenir des druides et des légendes celtiques est encore si vivant, était devenue pour lui une nouvelle patrie. C’était d’ailleurs, Henri Martin l’affirmait, l’histoire authentique des origines nationales de la Gaule entière, et ces origines, jusque-là réputées très obscures, s’éclairaient tout à coup d’un jour qui paraissait très lumineux. En même temps, cette histoire révélait chez nos lointains ancêtres des croyances sur la migration des âmes plus ou moins analogues aux systèmes qu’édifiaient alors des penseurs très écoutés, notamment Pierre Leroux et Jean Reynaud, dont Henri Martin avait invoqué l’autorité dans sa préface de 1837[1] :

  1. Voir le livre de Flottes sur la sympathie que Leconte de Lisle eut longtemps pour la croyance à la migration des âmes.