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Leconte de Lisle ne songea point immédiatement à donner une suite au Runoïa en rappelant ce qu’avait été en d’autres pays nordiques la résistance de l’ancienne religion au christianisme. Mais il en saisit l’occasion dès qu’elle se présenta.

Le 15 mars 1859, le Journal de la Librairie annonce ce livre : Hersart de la Villemarqué, La Légende celtique en Irlande, en Cambrie et en Bretagne, suivie des textes originaux irlandais, gallois et bretons, rares et inédits ; Saint-Brieuc et Paris.

Six mois plus tard, le 30 septembre, Leconte de Lisle publie le Barde de Temrah dans la Revue Contemporaine.

La Villernarqué racontait, entre autres légendes, celle de Saint Patrice.

D’abord l’épisode des deux druides qui veulent empêcher le saint d’entrer dans le pays de Connaught. Monté sur un char que traînent des buffles blancs, Patrice côtoie la rivière. Les oiseaux le suivent en chantant. Il va vers la fontaine où deux filles de rois lavent leur linge. Alors, sur la hauteur, deux grands vieillards lèvent leurs bras. À l’appel de ces magiciens, la forêt s’oppose à l’entrée du char qui se brise. Les bœufs se rebellent. Le soleil se couvre. Mais, d’un signe de croix, Patrice vainc le dieu de la forêt et le dieu du soleil : le jour renaît, les oiseaux chantent