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cerf, qui ramènent les chasseurs chargés de lourdes proies vers les gras festins et l’ivresse bue à des cruches d’or pleines d’hydromel écumant !


Nous partirons demain, joyeux et l’arc au dos ;
Nous forcerons les cerfs paissant les mousses rudes ;
Et vers la nuit, courbés sous d’abondants fardeaux,
Nous reviendrons en paix du fond des solitudes.
Les filles aux yeux clairs plus doux que le matin,
De leur pied rose et nu, promptes comme le renne,
Accourront sur la neige, et pour le gras festin
Feront jaillir le feu sous les broches de frêne.
L’hydromel écumeux déborde aux cruches d’or ;
Laissons chanter l’ivresse et se rouiller les glaives.


Barbares, les salles que décorent les trophées de ces chasses et où les chasseurs s’attablent !


Des ours d’or accroupis portent de lourds piliers
Où pendent les grands arcs, les pieux, les boucliers,
Les carquois hérissés de traits aux longues pennes,
Des peaux de loups géants et des rameaux de rennes.


Mais Leconte de Lisle aime l’énergie des batailles contre la mer et les bêtes. Il les aime au point qu’il n’a vu qu’elle chez ses héros. Léouzon Le Duc représentait pourtant les vieux Finnois comme des agriculteurs et des pasteurs, pirates seulement à l’occasion. Il les défendait d’être apparentés aux Scandinaves. Il faisait d’eux des Asiatiques. Leconte de Lisle, visiblement, les confond avec les Scandinaves, dont l’historien demandait qu’on les distinguât. Il bar-