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avant Aurore, après Coucher de Soleil, qui suit le Condor, autre coucher de soleil.

Cet ordre nouveau a son intérêt. Mais quand les deux poèmes étaient juxtaposés dans la Revue Contemporaine, on comprenait mieux qu’ils sont nés ensemble et se complètent. Le Jaguar, c’est le chasseur attendant sa proie et la saisissant ; la Panthère, c’est le retour de la chasse. Quand le jaguar s’en va, le jour tombe ; quand la panthère revient, le jour se lève. Autour de la panthère, le décor est splendide ; autour du jaguar, le décor est sinistre. Avec le jaguar, nous sommes en Amérique ; avec la panthère en Malaisie. Mais en tout pays, splendide ou morose, à l’est ou à l’ouest, la lutte est la même, et partout le roi de la nature, c’est le fauve, roi perpétuellement inquiet, d’ailleurs, tant il a peur, non pour sa couronne, mais pour son dîner.

Le 1er avril 1861 la Revue Contemporaine (Clairs de lune, II) ramena le lion dans la poésie de Leconte de Lisle. Il y revint très vieux, ayant une tête affreuse après une longue vie de chasseur rarement bien repu.


Un vieux roi chevelu, maigre, marche en avant ;
Et, flairant la rumeur nocturne qui fourmille,
Le col droit, l’œil au guet, la farouche famille,
Lionne et lionceaux, suit, les mufles au vent.