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qui lui convient et contribue pour sa part à manifester l’idée de l’auteur.

Neuf mois après que le lion a pris une place digne de lui dans l’œuvre du poète, deux autres meurtriers insignes y font leur entrée le même jour, l’un à côté de l’autre, le 15 mai 1859, dans la Revue Contemporaine : c’est le Jaguar, chasseur au beau poil, et la Panthère, reine de Java, noire chasseresse[1].

Encore de magnifiques animaux, superbement vêtus. Encore des êtres dont la faim impitoyable fait des bourreaux. Encore des poèmes où, loin de nuire aux héros, les décors aident à les comprendre.

Les jaguars de l’Amérique du Sud étaient peu connus du grand public quand, en 1832, un article de T. Lacordaire, publié dans la Revue des Deux-Mondes, apporta sur leurs mœurs des renseignements précis, empruntés au manuscrit d’un voyageur[2]. L’auteur de l’article notait l’effroi où le cri de l’animal jette les chevaux qui paissent en liberté, sa force et sa cruauté, la puissance inévitable de son premier bond, lorsque, tapi dans les joncs des Pampas ou dans les fourrés qui garnissent le bord des rivières, il

  1. Le Jaguar, la Panthère noire ; les deux poèmes se suivent dans la revue.
  2. Mœurs des jaguars de l’Amérique du Sud, R. D. M., 14 décembre 1832.