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LES POÈMES BARBARES

où elle fait apparition dans sa poésie. Essayons de comprendre comment et pourquoi elle y est entrée. Nous suivrons ensuite le développement qu’il lui donne.

Rappelons d’abord ce qu’il est après la publication des Poèmes Antiques. La tâche nous est rendue facile par les pénétrantes études de Fernand Calmettes, M.-A. Leblond, Jean Dornis, Ernest Zyromski, Edmond Estève, Maurice Souriau, Hippolyte Foucque, auxquelles vient de beaucoup ajouter le livre magistral de Pierre Flottes[1].

Le 2 décembre 1852 a marqué dans la vie de Leconte de Lisle une double date : la triste date d’une fin, la date glorieuse d’un avènement. Ce jour-là, la proclamation de l’Empire a clos pour longtemps le rêve politique du fouriériste ; mais ce même jour-là, le Journal de la Librairie, en annonçant les Poèmes Antiques, donne un chef à l’école poétique qui succédera au romantisme.

Son rêve politique, Leconte de Lisle l’avait partagé avec les disciples de Fourier qui avaient collaboré à un journal quotidien, la Démocratie pacifique, et à une revue, la Phalange, fondés l’un et l’autre par Victor Considérant. Avec eux, il avait estimé que le moment

  1. F. Calmettes, Leconte de Lisle et ses amis, 1902 ; — M.-A. Leblond, Leconte de Lisle d’après des documents nouveaux, Mercure de France, 1906 ; — Jean Dornis, Essai sur Leconte de Lisle, Ollendorf, 1907 ; — Ernest Zyromski, L’Inspiration fouriériste dans l’œuvre de Leconte de Lisle, Mélanges Lanson, 1922 ; — Edmond Estève, Leconte de Lisle, l’homme et l’œuvre, Boivin, 1923 ; — Maurice Souriau, Histoire du Parnasse, édition Spes, 1929. — H. Foucque, Contribution à la biographie de Leconte de Lisle, Revue d’H. L., juillet 1928 ; — Pierre Flottes, Le poète Leconte de Lisle, Perrin, 1929.