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l’histoire que les gens de la génération précédente ; mais ils demandent que, blasés sur le pittoresque et la diversité des choses et des âges, les gens d’aujourd’hui ne soient pas pourtant injustes pour le beau travail de défrichement qu’ont opéré les artistes amis de l’histoire. Ils veulent qu’on soit reconnaissant à Leconte de Lisle d’avoir été le « seul initiateur de l’exotisme poétique en un temps où le livresque et le chiqué auraient bien suffi. » Ils veulent que « dans le plus grand poète pessimiste de langue française » on reconnaisse le Lucrèce français, et, « si le mot semble gros, on songera qu’il est le seul de son siècle à avoir traduit une philosophie durable dans une forme qui ne saurait vieillir. » Ils ne mettent pas en doute sa sincérité. « Une continuité semblable dans le nihilisme ne peut venir que d’une conviction forte, ingénue, originale, native, bref d’un tempérament. » Aussi « la haute probité de son art a-t-elle enfin reçu sa récompense, qui est la célébrité sans discussion. »

De cette célébrité incontestée le petit volume que nous publions est, quoi qu’il vaille, une preuve : il atteste que dans la Collection des Grands Événements littéraires une étude a paru s’imposer sur le recueil le plus original de Leconte de Lisle : les Poèmes Barbares.