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Deschamps publiait un article dont le dernier mot était en somme que Leconte de Lisle avait mis surtout dans son œuvre sa souffrance personnelle. « Toute œuvre d’art, vraiment digne de mémoire, implique une conception de l’univers et renferme, que l’artiste le veuille ou non, la confession d’une douleur intime… Leconte de Lisle, si impassible qu’il parût à ceux qui n’apercevaient que le calme de son visage et l’extérieur de son génie, a souffert lui aussi cruellement[1]. »

Dans une première période, qui va de la publication des Poésies Barbares jusqu’aux années quatre-vingts, la critique, celle du moins que lit le grand public, ou réduit presque Leconte de Lisle à être un descriptif ou méconnaît ce qu’il a de moderne et d’humain. Dans une deuxième période, qui va des années quatre-vingts jusqu’aux premières années du XXe siècle, elle réhabilite les Poèmes Barbares : elle découvre dans leur auteur un moderne, un historien, un naturaliste. Dans une troisième période, elle recherche ce qu’il faut reconnaître au juste d’histoire, de science, de personnalité, d’émotion vraie dans ces œuvres sur lesquelles les commentateurs de la période précédente, Lemaître, Bourget, Brunetière, s’étaient prononcés seulement d’après leurs impressions.

Leconte de Lisle est-il un véritable historien ? Pour

  1. La Vie et les Livres, 1895, t. II.