passion au cœur le poète se promenait à travers l’histoire, surtout l’histoire du Moyen Âge. Il estimait même que dans ses évocations le magicien gardait « un singulier sang-froid ». Il semble bien aussi que Lemaître ne se demande point si dans les paysages et les poèmes animaliers on pouvait retrouver les idées professées alors par les naturalistes, comme on retrouvait dans les poèmes historiques les idées professées par les historiens.
Ce que Lemaître avait dit de plus important, Paul Bourget le répéta avec plus de précision dans un article publié par la Nouvelle Revue en 1885, puis reproduit par les Nouveaux Essais de Psychologie contemporaine. Et il ajouta des choses que Lemaître n’avait pas dites.
Il répéta que Leconte de Lisle dans des sujets antiques ou barbares était un moderne par l’esprit philosophique qui animait les récits. Il répéta que c’était un historien, un historien qui avait illustré en maître cette idée empruntée aux théories les plus récentes de l’histoire des religions ; toute religion fut vraie à son heure ; vraie, c’est-à-dire une chose vivante, adaptée aux besoins d’âmes vivantes, en accord avec les mœurs des peuples, avec le climat où ces mœurs s’étaient développées,
Mais une autre idée, d’après Bourget, avait dominé l’intelligence de l’écrivain. Celle-ci, il l’avait empruntée à la doctrine évolutionniste de l’unité des espèces dans la nature. Croyant qu’il n’y a qu’une seule âme éparse