soleil implacable » ; ses paysages « nous étonnent et nous épouvantent » ; pour lui, l’amour est un enfer, ses victimes sont des damnés ; « dans ce terrible inventaire de toutes les forces hostiles ou funestes à l’humanité, les chiens eux-mêmes… se changent en spectres affamés qui parcourent les grèves et dont les hurlements sinistres forment, avec le grondement des vagues, l’hymne de la désolation et du chaos. »
Le critique, on le voit, n’est pas insensible à ce qu’il y a de force et d’âpre émotion dans ces hymnes de la désolation. Il a remarqué particulièrement quelques-uns des poèmes les plus originaux du recueil : les Hurleurs, les Jungles, les Damnés. Mais il estime qu’une organisation spéciale serait nécessaire « pour supporter ces excès de température poétique ».
Non, l’auteur des Poèmes Barbares n’est pas « purement et simplement un descriptif ». Non, il n’est pas un ancien attardé dans notre temps, un être exceptionnel, étranger à tout ce que pensent, voient, aiment les autres hommes : voilà ce qu’entreprennent de découvrir au grand public, entre 1880 et 1894, de jeunes critiques, dont la voix fut écoutée.
Jules Lemaître eut le mérite de commencer cette révélation dans un article que publia la Revue Bleue en 1880 et qui fut reproduit en 1886 dans le tome II des Contemporains.